Les premiers pas d’un robot porte-outil pour semer et biner du blé
France
January 30, 2025
Deux constructeurs se sont associés à ARVALIS pour effectuer des tests de semis et de binage automatisés dans une parcelle de blé sur la Digiferme® de Saint-Hilaire-en-Woëvre (55). Témoignages en vidéo des tenants et aboutissants de cette expérimentation.
Le porte-outil autonome Orio, développé par la société Naïo sur légumes de plein champ, a été expérimenté en 2023/2024 sur une parcelle de 3 ha de blé sur la ferme expérimentale ARVALIS de Lorraine. Trois modalités ont été mises en place pour évaluer la qualité de semis et de désherbage mécanique avec ce nouveau matériel : une référence 100 % chimique avec tracteur classique, une conduite mixant chimie en prélevée et désherbage mécanique à l’automne avec tracteur classique, et une conduite 100 % mécanique avec le porte-outil ORIO.
Pas de différence significative
L’ensemble du dispositif a été semé le 26 septembre 2023 avec le semoir à disques Tramline SE de 3 mètres de large commercialisé par Sky Agriculture. Lors du semis, le débit de chantier du porte-outil est de 1,25 ha/h. Les conditions de semis ont permis une levée optimale du blé.
En revanche, les importants cumuls de pluie ont fortement réduit les possibilités d’intervention pour le désherbage mécanique, tant à l’automne qu’au printemps. Un seul binage a pu être réalisé avec le tracteur à l’automne, tandis que le porte-outil n’a pu réaliser que deux binages supplémentaires (un à l’automne et l’autre au printemps). En raison du nombre limité de passages de binage, les résultats n’ont révélé aucune différence significative entre les modalités testées. Avec une pression moyenne de 36 vulpins/m² dans le témoin non traité, l’efficacité du désherbage s’est avérée insuffisante, quelle que soit la modalité.
Et déployer sur l’ensemble des cultures d’une exploitation ?
Au-delà de l’évaluation au champ du porte-outil sur une parcelle de blé, cette expérimentation s’est également intéressée aux performances globales de l'acquisition d’une telle solution à l’échelle d’une exploitation. Ces performances ont été simulé grâce à l’outil Systerre, en s’appuyant sur les caractéristiques de la ferme expérimentale ARVALIS de Lorraine (129 ha de SAU, dont 74 hectares de prairies). Pour la simulation, les prix de référence retenus sont moyennés sur les campagnes de 2020 à 2023 afin de limiter l’effet intrinsèque annuel. Le porte-outil assure les opérations de semis et de binage sur l’ensemble des cultures (hors prairies), couvrant ainsi une surface déployée de 180,5 ha par an.
Selon l’analyse, le temps de travail est proche entre les scénarios de référence et la conduite « porte-outil » (tableau1), mais réparti différemment. Bien que l’utilisation du porte-outil n’exige pas de présence humaine permanente, le temps habituellement consacré à la conduite du tracteur se transforme en temps de manutention et de logistique, par exemple pour le déplacement du robot entre les parcelles.
Avec une stratégie de désherbage davantage axée sur du mécanique dans la conduite « porte-outil », les indices de fréquence de traitement Herbicides (IFT) diminuent, passant de 0,7 à 0,5(tableau1) ; à noter que ces IFT sont relativement faibles en raison d’une présence importante de prairie dans l’assolement. Cependant, malgré une diminution des charges Herbicides de 44 à 30 €/ha sur l’exploitation, la marge nette avec aides se trouve fortement impactée (-133 €/ha) par les coûts d’investissement en matériel liés au porte-outil.
Quant aux émissions de gaz à effet de serre (GES) et la consommation en énergie primaire totale, elles demeurent du même ordre.
Tableau 1 : Résultats technico-économiques et environnementaux - résultats calculés avec SYSTERRE
En vert : les indicateurs paramétrés spécifiquement pour cette expérimentation afin de prendre en compte les spécificités des robots. NC : non concerné.
Des essais qui alimentent la recherche
Ces résultats confirment que la robotisation en grandes cultures demeure au stade de prototype, mais cette expérimentation met en lumière des axes d’amélioration. Une augmentation de la largeur ou du débit de chantier et une meilleure valorisation des batteries pourraient jouer un rôle clé pour que la robotique s’adapte davantage aux grandes cultures.